La scène politique congolaise est secouée par un séisme sans précédent. L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, a été condamné à mort par la Haute Cour militaire pour trahison, crimes de guerre et complicité avec la rébellion du M23. Une décision historique, sans précédent dans l’histoire politique du pays, qui ouvre une nouvelle ère de tensions et de risques pour le régime du président Félix Tshisekedi.
Dans un verdict rendu par défaut, la Haute Cour militaire a reconnu Joseph Kabila coupable de plusieurs chefs d’accusation graves, notamment la complicité avec un mouvement rebelle armé, des crimes de guerre et des atteintes à la sûreté de l’État. L’ancien chef de l’État, au pouvoir de 2001 à 2019, a également été condamné à verser plus de 33 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais et aux provinces du Nord et du Sud-Kivu, lourdement affectées par les conflits armés. Bien que cette condamnation ait été prononcée en son absence, Kabila vivant actuellement à l’étranger, elle reste juridiquement contraignante et pourrait donner lieu à un mandat d’arrêt international.
La condamnation de Joseph Kabila, double tranchant pour Tshisekedi
Si le régime actuel présente ce jugement comme un acte de justice et de rupture avec l’impunité, il s’agit aussi d’une décision à haut risque politique. Jamais un ancien président congolais n’avait été traduit devant une juridiction nationale, encore moins condamné à la peine capitale. Cette décision place Félix Tshisekedi face à plusieurs défis majeurs.
La condamnation de Joseph Kabila pourrait galvaniser ses partisans, notamment au sein du Front Commun pour le Congo (FCC) et du PPRD, qui dénoncent déjà un « procès politique ». Certains y voient une tentative de neutraliser définitivement l’ancien chef de l’État en vue des prochaines échéances électorales. La polarisation politique, déjà forte, risque de s’aggraver, faisant peser la menace d’une instabilité institutionnelle et de manifestations d’ampleur nationale.
En frappant un symbole encore influent de la vie politique congolaise, le régime pourrait pousser une partie de l’opposition à durcir sa ligne, voire à se radicaliser. Des figures jusque-là modérées pourraient être tentées d’adopter une posture plus offensive face au pouvoir, renforçant ainsi le climat de confrontation.
De plus, la condamnation de Kabila pour ses liens présumés avec le M23 pourrait avoir des répercussions inattendues sur le terrain. Le mouvement rebelle pourrait exploiter cette situation pour légitimer son discours et intensifier ses offensives. L’Est du pays, déjà théâtre de violences récurrentes, pourrait connaître une nouvelle escalade des tensions.
Entre justice et stratégie politique
Sur le plan international, plusieurs organisations de défense des droits humains et chancelleries étrangères s’inquiètent déjà du déroulement du procès, mené en l’absence de l’accusé. Des critiques pourraient émerger sur le respect des garanties d’un procès équitable et sur le retour de la peine de mort, abolie de facto depuis 2003 et réintroduite en 2024. Pour ses partisans, Félix Tshisekedi pose un acte fort : celui de montrer que nul, pas même un ancien président, n’est au-dessus de la loi.
Le message se veut clair : l’ère de l’impunité est révolue, et la justice congolaise est prête à aller jusqu’au bout, quelle que soit la stature des personnes mises en cause. Mais pour ses détracteurs, cette condamnation apparaît davantage comme une manœuvre politique qu’une quête de justice. Elle serait destinée à affaiblir un adversaire politique de taille, à diviser l’opposition et à repositionner Tshisekedi comme le seul garant de la stabilité institutionnelle à la veille de nouveaux enjeux électoraux.
La condamnation de Joseph Kabila marque un tournant historique pour la RDC. Elle ouvre un nouveau chapitre de la vie politique nationale, plus imprévisible que jamais. Pour le régime Tshisekedi, la victoire judiciaire pourrait se transformer en boomerang politique, avec des conséquences encore difficiles à mesurer : montée des tensions, radicalisation de l’opposition, fragilisation de la cohésion nationale, voire crise institutionnelle. L’avenir immédiat du pays dépendra désormais de la capacité du pouvoir en place à gérer les retombées de cette décision explosive — entre justice, réconciliation et stabilité.
Rédaction HEKIMA NEWS
