C’est un discours puissant, empreint d’émotion et de détermination, que le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a prononcé ce mardi à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Face aux dirigeants du monde, il a livré un message sans concession sur la situation dramatique que traverse son pays, en proie depuis plus de deux décennies à des conflits armés dans l’Est. Son cri du cœur résonne comme un ultimatum adressé à la communauté internationale : « Si le monde hésite encore à nommer notre douleur, nous n’attendrons pas. Nous en sommes les premiers témoins, nous en serons les premiers artisans de justice. […] La RDC ne sollicite ni charité ni commisération : elle exige justice, vérité et dignité. »
Un discours aux accents de plaidoyer pour la mémoire et la justice
Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi n’a eu de cesse de dénoncer l’inaction de la communauté internationale face aux crimes commis sur le sol congolais. Mais cette fois, le ton est monté d’un cran. À la tribune des Nations unies, il a rappelé la « douleur indicible » de millions de Congolais victimes de massacres, de déplacements forcés, de viols et d’atrocités perpétrés par des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.
« Nos morts n’ont pas été comptés, nos plaies n’ont jamais été soignées, nos larmes ont souvent été ignorées », a-t-il lancé, dénonçant « un silence mondial coupable » et « une forme de complicité par l’inaction ».
Le président congolais a notamment exigé que justice soit rendue pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité documentés depuis les années 1990. Il a plaidé pour la mise en œuvre effective des recommandations du Rapport Mapping des Nations unies, publié en 2010, qui recense plus de 600 incidents graves susceptibles de constituer des crimes internationaux sur le territoire congolais entre 1993 et 2003.
« Il n’y a pas de paix durable sans justice. Il n’y a pas de réconciliation sans vérité », a insisté Tshisekedi.
Un message clair à Kigali et à ses alliés
Sans jamais citer directement le Rwanda, le chef de l’État congolais a aussi dénoncé les ingérences étrangères et le soutien de certains États à des groupes armés opérant à l’Est de la RDC, notamment le M23. « Aucun pays n’a le droit de violer la souveraineté d’un autre, d’occuper une partie de son territoire ou de piller ses ressources », a-t-il martelé, soulignant que « l’exploitation illégale des minerais congolais alimente la violence, appauvrit notre peuple et enrichit ceux qui tirent profit du chaos ».
Cette déclaration s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali. Les Nations unies, les États-Unis et l’Union européenne ont déjà confirmé l’implication de l’armée rwandaise dans le soutien logistique et militaire au M23. Pour Tshisekedi, « la diplomatie ne doit plus servir d’alibi à l’impunité ».
La souveraineté congolaise au centre de la nouvelle stratégie
Au-delà des appels à la justice, Félix Tshisekedi a tracé les grandes lignes d’une politique étrangère congolaise plus affirmée et souveraine. « La République démocratique du Congo ne sera jamais plus une victime silencieuse de l’histoire », a-t-il déclaré. « Nous bâtirons nos propres mécanismes de justice transitionnelle, nous renforcerons notre armée, nous sécuriserons nos frontières. »
Dans cette logique, Kinshasa intensifie ses efforts diplomatiques pour obtenir un soutien plus ferme des Nations unies et de l’Union africaine, tout en renforçant ses alliances régionales. Le départ progressif de la MONUSCO, prévu d’ici fin 2025, s’inscrit dans cette volonté d’autonomie stratégique.
Une exigence morale pour le monde
En conclusion de son allocution, Félix Tshisekedi a lancé un appel vibrant à la conscience internationale : « Ce qui se joue en RDC n’est pas seulement une tragédie africaine, c’est une épreuve morale pour l’humanité. Si nous échouons à défendre la justice là où le sang des innocents a coulé, alors nous échouons à défendre les principes mêmes sur lesquels repose cette Organisation. »
Son discours, salué par plusieurs délégations africaines et organisations de défense des droits humains, marque une étape importante dans la bataille diplomatique menée par Kinshasa pour replacer la question congolaise au centre de l’agenda mondial.
Plus que jamais, la RDC se positionne non comme une nation martyre, mais comme un acteur décidé à faire triompher la vérité et la dignité de son peuple.
Rédaction HEKIMA NEWS
