À quelques semaines de l’Assemblée générale des Nations unies prévue en septembre à New York, Washington a refusé, vendredi 29 août, d’octroyer des visas à plusieurs membres de la délégation palestinienne. Une décision justifiée par des « raisons de sécurité nationale », mais qui suscite déjà une vague de réactions internationales.

Les justifications américaines
Selon le département d’État, l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) « ne tiennent pas leurs engagements » et « compromettent les perspectives de paix ». Washington reproche notamment aux Palestiniens de saisir la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) dans leurs contentieux avec Israël.
Les États-Unis estiment que ces démarches constituent des « guerres judiciaires » et des tentatives pour contourner les négociations directes, tout en freinant « les efforts pour la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien ».
Une décision applaudie par Israël, rejetée par Ramallah
À Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a salué une « étape courageuse » et un nouveau signe de soutien américain.
Du côté palestinien, la réaction est à l’opposé : l’Autorité palestinienne parle d’une décision « en contradiction avec le droit international » et appelle Washington à revenir sur ce refus.
L’inquiétude grandit aux Nations Unies (ONU) et en Europe
L’ONU a exprimé son malaise par la voix de son porte-parole, Stéphane Dujarric, qui a rappelé qu’il était « important » que tous les États et observateurs permanents soient représentés à l’Assemblée générale.
La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé une entrave : « Le siège des Nations unies est un lieu de neutralité. Une Assemblée générale ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès. »
Le Luxembourg est allé plus loin : son chef de la diplomatie, Xavier Bettel, a suggéré d’organiser une session spéciale à Genève afin de permettre la présence palestinienne. « On ne peut pas simplement exclure la Palestine du dialogue », a-t-il insisté.
Un précédent historique
Si cette décision choque, elle n’est pas totalement inédite. En 1988, Yasser Arafat s’était déjà vu refuser un visa pour se rendre aux Nations Unies, forçant l’organisation à délocaliser sa session à Genève. Plus récemment, en 2013, les États-Unis avaient interdit l’entrée de Omar el-Béchir, alors président du Soudan et visé par un mandat de la CPI.
Ironie du calendrier, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis novembre 2024, aux côtés de son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, pour des crimes présumés commis à Gaza.
Vers une crispation diplomatique au sein des Nations Unies ?
À l’approche d’une Assemblée générale cruciale, où la France compte plaider pour la reconnaissance de l’État de Palestine, ce refus américain risque d’exacerber les tensions diplomatiques. La question de la neutralité du siège de l’ONU, situé à New York, est de nouveau posée, alors que Washington est accusé d’utiliser son territoire comme un levier politique.
Rédaction HEKIMA NEWS


