À 90 kilomètres de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga, la cité de Luisha est en ébullition. Mercredi 27 août, des dizaines d’habitants ont manifesté devant le lycée Lubusha, un établissement catholique de jeunes filles fondé il y a 75 ans et désormais menacé par l’expansion de deux carrières de cuivre et de cobalt exploitées par des sociétés chinoises.
« Non à la délocalisation »
Munis de banderoles, hommes, femmes et élèves ont exprimé leur refus catégorique de voir l’école déplacée.
« Moi, c’est Shibola Kabange, élève au lycée Lubusha. Je m’oppose à la délocalisation du lycée parce que depuis que les Chinois sont ici, ils n’ont rien fait », lance l’adolescente.
Les autorités coutumières partagent cette inquiétude. « Si on détruit cette école, où iront nos enfants ? Ceux qui ont les moyens envoient leurs enfants étudier à l’étranger. Nous n’avons pas les moyens. En aucun jour, nous n’accepterons la destruction de ce bâtiment », insiste Victor Kibi Kasemo, représentant du chef Katanga.

Une école encerclée par les mines
L’établissement se retrouve aujourd’hui coincé entre deux mines à ciel ouvert, exploitées par des entreprises chinoises depuis près de dix ans. Malgré les protestations, les excavations se rapprochent dangereusement du site scolaire.
Face à cette pression, l’Église catholique, propriétaire de l’établissement, a décidé de hausser le ton. Mgr Fulgence Muteba, archevêque de Lubumbashi, prévient : « Nous allons secouer le cocotier. S’il faut aller jusqu’à la bourse de Hong Kong, nous prendrons nos responsabilités. Ce que j’exige, c’est tout simplement la justice et le bon sens. »
Un bras de fer de longue haleine
Le différend entre la population, l’Église et les compagnies minières ne date pas d’hier. En 2022, le ministère congolais des Mines avait annoncé la suspension des activités minières autour du lycée. Mais cette décision est restée sans effet, alimentant le sentiment d’impuissance et de colère des habitants.
Alors que l’exploitation minière ne cesse de grignoter le territoire de Luisha, la résistance s’organise pour préserver une institution éducative considérée comme patrimoine local et pilier de l’avenir des jeunes filles de la région.
Rédaction HEKIMA NEWS


