Kinshasa, 23 août 2025 – La République démocratique du Congo franchit une étape décisive dans sa politique de financement du développement. Pour la première fois de son histoire, le pays a décidé de se lancer sur le marché international des capitaux avec l’émission d’un Eurobond souverain d’un montant de 1,5 milliard de dollars américains. Cette décision a été entérinée lors du Conseil des ministres présidé par le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, sur proposition du ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde.
Un choix stratégique pour le développement
Ce premier Eurobond marque une rupture avec la dépendance traditionnelle de la RDC vis-à-vis des bailleurs bilatéraux et multilatéraux. L’objectif affiché est clair : diversifier les sources de financement, accéder à des capitaux plus importants et accélérer la mise en œuvre des projets structurants prévus dans le Plan National Stratégique de Développement et le Programme d’Actions du Gouvernement 2024-2028.
Selon le ministre des Finances, cette émission permettra non seulement de financer des projets d’infrastructures et de connectivité, mais aussi de renforcer la crédibilité financière du pays auprès des investisseurs internationaux.
Des fondamentaux macroéconomiques rassurants
Pour séduire les marchés, Kinshasa met en avant des indicateurs économiques jugés solides. L’inflation est maîtrisée à 7,8 % en rythme annuel, tandis que la dépréciation du franc congolais reste limitée à 1,1 % à fin juillet 2025. La croissance économique, soutenue par les performances du secteur minier et les investissements publics, est estimée à 5,3 % pour l’année en cours. De plus, la dette publique reste relativement faible, représentant environ 20 % du PIB, bien en deçà du seuil de 60 % recommandé par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Ces données offrent à la RDC un argument de poids pour convaincre les investisseurs que le pays est capable d’honorer ses engagements financiers et de gérer efficacement les ressources issues de cette levée de fonds.
Un signal fort envoyé aux investisseurs
L’opération devrait être conclue dans un délai de six mois, avec l’appui d’une banque internationale, d’une institution locale et d’un conseiller juridique de renommée mondiale. Ce dispositif vise à garantir la transparence et la crédibilité de l’émission. Pour les autorités congolaises, il s’agit d’un message clair adressé aux marchés : la RDC est prête à s’ouvrir pleinement à la finance internationale et à y occuper une place durable.
Une dynamique déjà amorcée sur le marché local
Cette démarche s’inscrit dans la continuité des succès enregistrés sur le marché intérieur. En mars dernier, l’État congolais avait levé 110,5 millions de dollars à travers des obligations du Trésor, dépassant largement les prévisions initiales. En juillet, ce sont encore 45 millions de dollars qui ont été mobilisés grâce aux bons du Trésor en devises, démontrant la confiance croissante des investisseurs locaux et régionaux.
Au total, plus de 60 millions de dollars ont été levés au cours du mois de juillet par les seules obligations du Trésor, confirmant la solidité de la stratégie de financement interne du pays.
Un tournant historique
Avec ce premier Eurobond de 1,5 milliard USD, la République démocratique du Congo envoie un signal fort : celui d’un pays déterminé à se financer par ses propres moyens, à diversifier ses partenariats économiques et à consolider sa souveraineté financière. Si cette opération réussit, elle pourrait non seulement améliorer la perception de la RDC sur la scène financière mondiale, mais aussi ouvrir la voie à d’autres émissions obligataires dans les années à venir.
Au-delà des chiffres et des annonces, le véritable enjeu sera de garantir une gestion rigoureuse et transparente des fonds levés. Car c’est de cette crédibilité, à la fois financière et politique, que dépendra la réussite durable de la RDC sur le marché international des capitaux.


