Un verdict historique et inédit
Le 30 septembre 2025, la Haute Cour militaire de Kinshasa a condamné à mort l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, poursuivi pour « trahison », « crimes de guerre » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel » lié au groupe politico-militaire AFC/M23.
Reconnu comme « chef de la coalition armée AFC/M23 », il a été jugé par contumace, étant hors du territoire congolais depuis 2023. Ce verdict constitue une première dans l’histoire politique du pays.
L’UDPS salue « une victoire de l’État de droit »
Du côté du pouvoir, le parti présidentiel UDPS a accueilli cette décision comme un signe fort de justice.
« Nul n’est au-dessus de la loi. Si nous laissons l’impunité, il n’y aura pas de vraie réconciliation », a déclaré Christian Lumu, vice-président de la jeunesse de l’UDPS, soulignant que la démarche s’inscrit dans la vision du président Félix Tshisekedi de bâtir un État de droit.
Dans l’Est, la société civile dénonce un « ciblage »
À l’opposé, dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu, régions affectées par les violences du M23 où Kabila reste populaire, le verdict est vu comme une manœuvre politique.
« C’est une fragilisation de la recherche de la paix. Condamner Kabila, c’est vouloir créer encore d’autres problèmes », estime Sammy Jean Takimbula, président de la société civile du Sud-Kivu.
Pour lui, le procès traduit un ciblage politique plutôt qu’une volonté de justice, au risque d’alimenter les tensions dans l’Est déjà meurtri par des décennies de conflits.
HRW dénonce une « procédure inéquitable »
L’ONG Human Rights Watch (HRW) critique sévèrement le procès, qualifié de « vendetta politique ».
« Joseph Kabila n’a pas eu d’avocat, son procès a été mené devant un tribunal militaire, et aucune preuve tangible n’a été apportée », souligne Lewis Mudge, directeur Afrique à HRW.
L’organisation alerte sur un message inquiétant envoyé aux opposants politiques, aux journalistes et à la société civile, et voit dans ce verdict un signe d’autoritarisme croissant à l’approche de la présidentielle de 2028.
Un contexte régional explosif
Cette condamnation intervient alors que l’Est du pays connaît une recrudescence des violences. Depuis janvier 2025, le M23, soutenu par le Rwanda, s’est emparé de Goma puis de Bukavu, aggravant la crise sécuritaire.
Joseph Kabila, en exil depuis 2023, avait effectué une apparition surprise à Goma au début de l’année, renforçant les soupçons de liens avec le mouvement rebelle.
Entre justice et instrumentalisation politique
Cette décision de justice continue de diviser : pour les uns, elle symbolise la fin de l’impunité ; pour d’autres, elle incarne une instrumentalisation politique dangereuse pour la stabilité et le processus de paix en RDC.
Rédaction Hekima News


