C’est un tournant stratégique dans la lutte contre les groupes armés à l’est de la République démocratique du Congo. Pour la première fois, Kinshasa, Kigali, Doha, Washington et l’Union africaine ont officiellement annoncé le lancement du « Concept des opérations », un plan commun visant à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et leurs groupes dissidents, à favoriser le désengagement militaire, et à conduire à la levée du dispositif défensif rwandais sur le sol congolais.
L’annonce a été faite à l’issue de la troisième réunion du Comité conjoint de surveillance de l’accord de paix du 27 juin, tenue le 1er octobre à Washington. Ce mécanisme marque une étape importante dans la recherche d’une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Une première phase décisive attendue d’ici le 15 octobre
Si les engagements pris par les différentes parties sont respectés, la première phase opérationnelle de la lutte contre les FDLR devrait débuter avant le 15 octobre. Elle comprendra plusieurs volets stratégiques :
- Évaluer le niveau réel de la menace que représentent les FDLR et leurs alliés ;
- Localiser les combattants et leurs équipements sur le territoire congolais ;
- Sensibiliser les communautés locales pour favoriser leur coopération ;
- Renforcer le partage d’informations entre les services de sécurité concernés.
Ce dernier point est crucial. Kigali affirme avoir déjà transmis des informations sur les FDLR et leurs activités lors des premières réunions. « Nous attendons désormais que Kinshasa fasse de même », a déclaré à RFI le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
Les échanges porteront aussi sur les mesures de défense mises en place par le Rwanda, que Kinshasa assimile à la présence de troupes rwandaises sur le sol congolais, une question sensible au cœur des tensions bilatérales.
Un contexte toujours fragile sur le terrain
Lors de la rencontre de Washington, les participants – représentants des États-Unis, de la RDC, du Rwanda, du Qatar et de l’Union africaine – ont dressé un état des lieux de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.
Malgré les engagements diplomatiques, les combats se poursuivent notamment dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu, preuve que les défis restent considérables.
Cette réalité impose une accélération du processus de Doha entre Kinshasa et l’AFC/M23, selon plusieurs observateurs. Massad Boulos, conseiller Afrique à la Maison Blanche, a rappelé que « Doha est la dernière pièce du puzzle pour faire avancer le processus de paix ».
Dans ce sens, le médiateur qatarien a annoncé la reprise des négociations entre les parties au cours de la semaine du 6 octobre.
Une coordination sécuritaire renforcée
Pour assurer un suivi rigoureux des progrès, le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité se réunira les 21 et 22 octobre.
Cette structure réunit des représentants permanents de chaque partie impliquée – y compris les forces armées, les services de renseignement et les ministères des Affaires étrangères – avec pour mission d’identifier, évaluer, localiser et neutraliser les FDLR et leurs groupes affiliés.
Cette approche coordonnée vise à mettre fin à plus de deux décennies d’instabilité sécuritaire dans l’est de la RDC, alimentée par la présence persistante des FDLR et par la méfiance réciproque entre Kinshasa et Kigali. Si elle est menée à bien, elle pourrait ouvrir la voie à un retrait progressif des troupes étrangères et à une paix durable dans cette région meurtrie.
Rédaction HEKIMA NEWS
