Sur les rives puissantes du fleuve Congo, à quelque 225 kilomètres de Kinshasa, se dresse un ouvrage qui incarne à la fois l’ambition et les défis de la République Démocratique du Congo : le barrage d’Inga II. Mis en service en 1982, il symbolise depuis plus de quatre décennies l’immense potentiel énergétique du pays. Pourtant, son importance dépasse largement les frontières congolaises : Inga II est un pilier pour l’économie nationale et un acteur incontournable dans l’équilibre énergétique de toute la sous-région.
Une énergie vitale pour l’économie congolaise
Dans un pays où moins de deux habitants sur dix ont accès à l’électricité, chaque mégawatt produit par Inga II a une valeur stratégique. L’ouvrage, avec une capacité installée de 1 424 MW, alimente en grande partie le secteur minier du Katanga, véritable poumon économique du pays. Sans cette énergie, les géants du cuivre et du cobalt, qui représentent la première source de revenus pour l’État, ne pourraient pas tourner à plein régime.
« Inga II, c’est le cœur battant de notre économie », confie un ingénieur de la Société nationale d’électricité (SNEL). « Quand une turbine s’arrête, c’est toute une chaîne de production minière qui ralentit. »
Cette dépendance illustre la centralité du barrage : il ne s’agit pas seulement de produire de l’électricité, mais de garantir la continuité d’une économie largement arrimée aux ressources naturelles.
Inga II a un potentiel qui touche la vie quotidienne
Au-delà des grandes industries, Inga II représente un espoir pour les millions de Congolais encore plongés dans l’obscurité. La réhabilitation de ses installations pourrait élargir l’accès à une électricité fiable et abordable, condition indispensable au développement de petites entreprises, à l’amélioration des services de santé ou encore à la modernisation des écoles.
À Kinshasa comme à Lubumbashi, de nombreux ménages espèrent que la relance d’Inga II se traduira un jour par la fin des coupures intempestives. Pour beaucoup, l’électricité n’est pas seulement un confort, mais une clé pour sortir de la pauvreté.
Une dimension régionale incontournable
Mais l’influence d’Inga II dépasse le seul territoire congolais. Grâce à des lignes à haute tension, son énergie traverse déjà les frontières pour alimenter la Zambie, l’Angola, le Zimbabwe et jusqu’à l’Afrique du Sud. Intégré dans la Southern African Power Pool (SAPP), le barrage participe à stabiliser les réseaux électriques d’une partie du continent.
Cette dimension régionale fait d’Inga II un outil de coopération mais aussi de souveraineté. Dans un contexte où la transition énergétique devient une priorité mondiale, disposer d’une telle source d’énergie renouvelable confère à la RDC une position stratégique.
Une manne économique pour demain
L’exportation de l’électricité produite à Inga II génère déjà des devises pour l’État congolais, mais le potentiel reste largement sous-exploité. Avec une remise à niveau complète, le pays pourrait non seulement mieux répondre à sa propre demande, mais aussi renforcer ses exportations et devenir un acteur énergétique de premier plan en Afrique.
« Nous avons un diamant énergétique entre les mains », explique un économiste basé à Kinshasa. « Encore faut-il savoir le polir. Inga II n’est pas qu’un barrage, c’est une opportunité de croissance durable et inclusive. »

Des défis à surmonter
Pourtant, Inga II n’échappe pas aux difficultés. Vieillissement des turbines, manque d’entretien, retards dans les projets de réhabilitation : l’ouvrage fonctionne encore en deçà de ses capacités. Selon les experts, plusieurs centaines de mégawatts restent aujourd’hui indisponibles.
À cela s’ajoute la question de la gouvernance. La gestion de l’électricité en RDC est souvent pointée du doigt pour son manque de transparence et ses faiblesses institutionnelles. Or, sans une réforme en profondeur du secteur, la pleine exploitation d’Inga II restera un mirage.
Inga II est un symbole pour l’avenir
Malgré ces défis, Inga II demeure un symbole puissant. Il incarne l’ambition de la RDC de se hisser au rang de puissance énergétique et de moteur économique pour l’Afrique. Son avenir dépendra de la volonté politique, des investissements étrangers, mais aussi de la capacité du pays à impliquer sa population dans une gestion durable et inclusive de ses ressources.
Au-delà des chiffres et des turbines, Inga II raconte une histoire : celle d’un pays riche en potentiel, en quête d’un avenir où ses ressources profiteraient enfin à tous. C’est là que se joue le véritable enjeu : transformer cette richesse hydraulique en progrès partagé, pour les Congolais d’abord, et pour l’ensemble de la région ensuite.
Inga II n’est pas seulement une infrastructure : c’est une promesse. Une promesse que la RDC doit absolument tenir si elle veut éclairer son avenir et celui de ses voisins.
Rédaction HEKIMA NEWS


