La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur les violences qui ont émaillé la semaine électorale, dans un contexte de fortes accusations visant son gouvernement. Selon plusieurs témoins et organisations politiques, les forces de sécurité auraient réprimé de manière brutale les manifestations contestant les résultats du scrutin.
Déclarée vainqueure de la présidentielle avec 98 % des voix, un score dénoncé comme une « mockery of democracy » par l’opposition, Samia Suluhu fait face à une vague de critiques internes et internationales. Au moins 240 personnes ont été inculpées pour trahison à la suite des protestations qui ont éclaté dans plusieurs régions du pays.
Sous pression, notamment de la part du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, la cheffe de l’État a appelé les procureurs à faire preuve de clémence, particulièrement envers les jeunes manifestants. « Father, forgive them, for they know not what they do », a-t-elle déclaré, citant la Bible pour justifier un geste d’apaisement dans un climat politique tendu.

Ces violences post-électorales ont profondément choqué la société tanzanienne, réputée pour sa stabilité depuis près de six décennies. L’opposition évoque des centaines de morts, bien qu’aucun bilan officiel n’ait encore été communiqué. Ce mouvement inédit, porté surtout par la jeunesse, s’inscrit dans une dynamique mondiale de mobilisation de la génération Z contre des systèmes politiques jugés verrouillés et peu représentatifs.
En toile de fond, la crise était déjà perceptible avant le scrutin. Selon plusieurs analystes, le pouvoir aurait méthodiquement neutralisé toute concurrence sérieuse. Les candidatures de Tundu Lissu, détenu pour trahison, et de Luhaga Mpina, écarté pour des motifs techniques, auraient été éliminées pour verrouiller le paysage politique.
Ce tournant autoritaire contraste fortement avec les premières années du mandat de Samia Suluhu, où elle avait été saluée pour avoir ouvert l’espace politique, autorisé les rassemblements de l’opposition et promis une nouvelle ère de réformes à travers sa doctrine des « 4R » : réconciliation, résilience, rebuilding et réforme.
À l’approche de l’élection, cependant, une série d’enlèvements, d’arrestations et d’assassinats d’opposants a ravivé les craintes et brisé les attentes d’un changement durable. Aujourd’hui, la Tanzanie fait face à une crise politique et sociale majeure, tandis que l’enquête annoncée devra déterminer si le pouvoir est réellement prêt à répondre aux accusations ou s’il s’agit d’une simple manœuvre pour contenir la contestation.
Rédaction HEKIMA NEWS


